L’Impact des Influences en Ligne sur le Bien-être Animal : Entre Sensibilisation et Dérives
Les réseaux sociaux sont devenus un vecteur incontournable d’information et de sensibilisation sur de nombreuses causes, dont celle du bien-être animal. Cette influence numérique présente toutefois un double visage : d’un côté, elle permet de mobiliser efficacement pour la protection animale, de l’autre, elle peut encourager des comportements préjudiciables aux animaux. Examinons en profondeur cette dualité et ses implications concrètes.
La puissance des réseaux sociaux au service de la cause animale
Les plateformes numériques offrent aujourd’hui des opportunités sans précédent pour les défenseurs de la cause animale. En avril 2025, la Fondation 30 Millions d’Amis a considérablement renforcé sa présence auprès des jeunes générations en organisant des événements interactifs sur Twitch et YouTube. Ces rencontres virtuelles permettent d’aborder les enjeux du bien-être animal dans un format accessible et engageant, tout en donnant une visibilité accrue aux actions de l’organisation.
Dans la même dynamique, la Fondation Brigitte Bardot a déployé sa campagne #StopAbandon sur Instagram, TikTok et Twitter. Cette initiative, particulièrement remarquée pour son utilisation innovante de la technologie FOOH, combine décors réels et images 3D pour créer des visuels percutants contre l’abandon des animaux de compagnie. Selon les experts de la fondation, cette approche directe et émotionnelle a permis de toucher un public plus large et de susciter une prise de conscience sur les responsabilités qu’implique l’adoption d’un animal.
Des stratégies numériques innovantes
Les grandes organisations de protection animale ont développé des stratégies de communication digitale sophistiquées. Comme le rapporte Media Factory d’Audencia dans une analyse publiée en avril 2025, ‘les réseaux sociaux, bien utilisés, sont une formidable opportunité pour faire avancer la cause animale, à condition de rester vigilant face aux dérives potentielles’. Cette vigilance est d’autant plus nécessaire que l’impact de ces campagnes dépend largement de leur authenticité et de leur capacité à inspirer des actions concrètes.
Les dérives inquiétantes : quand le divertissement nuit aux animaux
Parallèlement à ces initiatives positives, les réseaux sociaux sont également le théâtre de pratiques préoccupantes pour le bien-être animal. L’organisation QUATRE PATTES Suisse a lancé en avril 2024 un appel à la responsabilité en ligne, exhortant les internautes à ne pas partager ni soutenir par des ‘likes’ les vidéos et photos d’animaux manifestement stressés.
Yasmine Wenk, coordinatrice des campagnes pour les animaux de compagnie chez QUATRE PATTES Suisse, souligne qu »il est crucial de prendre conscience de notre impact en ligne et de nous engager activement pour le bien-être animal’. Cette prise de position intervient dans un contexte où de nombreux comptes cherchent à maximiser leur visibilité en mettant en scène des animaux dans des situations non naturelles, voire stressantes.
Le phénomène des ‘challenges’ avec animaux
La Fondation 30 Millions d’Amis a alerté dès octobre 2022 sur les dangers des ‘challenges’ impliquant des animaux sur les réseaux sociaux. Selon les spécialistes du comportement animal consultés par la fondation, ‘le langage corporel des animaux soumis à ces situations exprime un stress intense’. Sans nécessairement relever d’actes de cruauté au sens juridique, ces pratiques constituent néanmoins une forme de maltraitance qui affecte durablement le bien-être psychologique des animaux.
La SPA de Lyon confirme ces observations, précisant que ‘soumis à un stress répété, l’animal développera une anxiété durable et deviendra dépressif, ce qui pourra par la suite causer divers troubles du comportement’. Ces conséquences, souvent invisibles pour le public non averti, soulignent l’importance d’une éducation aux signes de stress chez les animaux.
Le trafic d’animaux exotiques amplifié par les réseaux sociaux
Un phénomène particulièrement alarmant concerne l’impact des réseaux sociaux sur le trafic d’animaux sauvages. L’Association Tonga, spécialisée dans la protection de la faune sauvage, alerte sur le fait que ‘l’abondance d’images d’animaux sauvages caressés, câlinés sur Facebook, Instagram ou TikTok encourage un trafic sans précédent puisque tout le monde veut reproduire ces interactions’.
Cette tendance a des conséquences dramatiques à plusieurs niveaux :
- Elle stimule un marché noir d’animaux exotiques souvent prélevés illégalement dans leur habitat naturel
- Elle banalise la possession d’espèces sauvages comme animaux de compagnie
- Elle expose ces animaux à des conditions de vie inadaptées à leurs besoins naturels
Vers une utilisation responsable des réseaux sociaux
Face à ces constats, plusieurs initiatives émergent pour promouvoir une utilisation plus responsable des réseaux sociaux en matière de bien-être animal.
Éducation et sensibilisation
Les organisations de protection animale développent des guides de bonnes pratiques à destination des utilisateurs des réseaux sociaux. Ces ressources visent à aider le public à identifier les contenus problématiques et à adopter une posture critique face aux tendances virales impliquant des animaux.
Modération des contenus
Comme le souligne la Fondation 30 Millions d’Amis, ‘certaines plateformes concernées sont intervenues’ face à la prolifération de contenus préjudiciables aux animaux. Cette prise de conscience des géants du numérique, bien que tardive, marque une évolution positive dans la régulation des contenus animaliers en ligne.
Cadre législatif
Le législateur a également dû intervenir pour ‘réprimer spécifiquement l’enregistrement et la diffusion de sévices sur des animaux’, rappelle la Fondation 30 Millions d’Amis. Cette évolution juridique témoigne de la nécessité d’encadrer les pratiques numériques pour protéger les animaux des dérives liées à la recherche de visibilité.
Conclusion : un équilibre à trouver
L’influence des réseaux sociaux sur le bien-être animal présente donc un bilan contrasté. D’un côté, ces plateformes offrent des opportunités sans précédent pour sensibiliser le public et mobiliser des soutiens en faveur de la cause animale. De l’autre, elles peuvent encourager des comportements préjudiciables au bien-être des animaux, qu’il s’agisse de défis inappropriés ou de la promotion indirecte du trafic d’espèces sauvages.
L’enjeu réside désormais dans notre capacité collective à favoriser les usages positifs tout en limitant les dérives. Comme le suggère QUATRE PATTES, il est essentiel de développer notre esprit critique face aux contenus animaliers et de privilégier le bien-être des animaux plutôt que la recherche de likes et de partages. En définitive, notre comportement en ligne reflète notre relation aux animaux dans la vie réelle, et c’est par une prise de conscience individuelle et collective que nous pourrons faire des réseaux sociaux de véritables alliés de la cause animale.